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L'enfant aux cent noms, l'enfant sans nom

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L'enfant aux cent noms,

l'enfant sans nom

Je m'appelle “Convention” quand les adultes décident qu'il y a des choses qui ne se font pas... mais qui se font quand même.

Je m'appelle “mineur” comme un délit, comme moins que majeur.

Je m'appelle “naturel” quand mon père ne m'a pas reconnu et “illégitime” quand il s'est égaré.

Je m'appelle “objet” pour le ramassage scolaire.

Je m'appelle “rationnaire” pour l'intendant du collège.

Je m'appelle “marché” pour les publicitaires du yaourt.

Je m'appelle “salaire d'appoint” quand je vais chez ma gardienne.

Je m'appelle “ton gosse” quand le concubin, qui s'estime chez lui, veut regarder la télé.

Je m'appelle “alibi” quand le couple bat de l'aile, et m'engendre pour se persuader du contraire.

Je m'appelle “prestation” quand les fins de mois sont difficiles.

Je m'appelle “demi-part” pour les services fiscaux.

Je m'appelle “effectif” à l'école qui risquerait de fermer si je ne venais pas le jour de mes deux ans.

Je m'appelle “valise” le dimanche à 18 heures, quand mon père divorcé me ramène et me dépose au pied de l'immeuble.

Je m'appelle “à charge” ou “ayant droit” pour les organismes sociaux.

Je m'appelle “inceste” quand mon père mélange les générations.

Je m'appelle “recueilli temporaire” à défaut d'être accueilli par ma mère.

Je m'appelle “ petits métiers” au Caire, “enfants soldats” en Iran ou au Sri Lanka, “avion” (passeur de drogue) au Brésil.

Je ne sais plus comment je m'appelle... pour vous, les adultes, faiseurs d'histoires et de guerres, et dont les bouches sont pleines de “l'intérêt supérieur de l'Enfant”.

Parlez-en moins et soyez vous-mêmes des adultes, capables de m'accueillir dans l'écriture de mon histoire, pas celle dont vous rêvez pour moi parce que vous regrettez la vôtre.

Je m'appelle Victor, Livia, Noé, Selma... Je m'appelle “demain” si aujourd'hui, nous pouvions continuer à naître à la vie que nous avons reçue de vous, mais qui ne vous appartient pas.

Comme nous, vous l'avez reçue.

ALORS LES DROITS, POUR LES UNS ET POUR LES AUTRES, POURRONT SERVIR DE CADRE À UNE HISTOIRE À VIVRE ENSEMBLE.

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